Comprendre et apprendre ce qu’est le Qi, par Thierry Janssen

Au fondement des arts martiaux et de la médecine chinoise, l’énergie interne Qi n’est pas facile à appréhender dans le cadre de la pensée occidentale. Thierry Janssen, auteur et membre d’honneur de l’Institut XPEO introduit ici les concepts fondamentaux des pratiques énergétiques. Un premier pas vers les recherches à venir qui seront portées par l’Institut.

 

Il n’est pas facile de comprendre ce qu’est le Qi. Nous le traduisons par le mot « énergie » – energeia en grec : la force en action. Il s’agit effectivement d’une force ou plus exactement de l’ensemble des forces disponibles – la somme des énergies qui constituent notre vitalité. Tantôt physiques (mécaniques, thermiques, chimiques, électriques, magnétiques), tantôt psychiques (émotionnelles et intellectuelles), ces énergies sont transmutables ; elles forment un continuum qui est notre force vitale – le Qi.

 

Le Qi face à la pensée occidentale

L’idée d’une force vitale constituée de multiples forces physiques et psychiques liées entre elles, est difficile à appréhender pour un esprit occidental. Car la pensée occidentale s’est développée sur un mode analytique qui fragmente la représentation du réel pour en comprendre les détails. Cette façon de procéder a donné naissance à la civilisation matérialiste de progrès dans laquelle nous vivons. En même temps, elle a mis en place les conditions qui génèrent les crises écologiques, économiques et sociales que l’on voit poindre à l’horizon de cette civilisation.

Car, à force de tout analyser dans les détails, nous avons perdu la faculté de comprendre les phénomènes dans leur globalité. D’autres cultures appartenant à des civilisations de tradition, moins obnubilées par le progrès et plus respectueuses des grands principes qui assurent la pérennité, ont gardé la conscience de cette globalité. C’est le cas de la culture chinoise traditionnelle qui, depuis des millénaires, s’est construite dans le respect des lois qui président à l’équilibre et à l’harmonie indispensables pour la longévité.

Une pensée fragmentée ne peut donner naissance qu’à des solutions préconisant la fragmentation. C’est ainsi que, pour parler d’un sujet qui nous intéresse ici, l’Occident a inventé la gymnastique de santé – un ensemble d’exercices corporels destinés à améliorer les performances physiques de l’individu sans vraiment faire appel à ses aptitudes psychiques. Pourtant, tout sportif de haut niveau sait que la force physique n’est rien sans la force de l’intention. Malheureusement, même quand ils sont conscients de la nécessité d’utiliser ces deux énergies de concert, la plupart des athlètes ne savent pas comment s’y prendre car ils n’ont jamais été entraînés dans ce sens. De ce point de vue, des disciplines comme le Yoga (venant de l’Inde) et le Qi Gong (venant de la Chine) sont très précieuses.

 

Rassembler les énergies

À l’instar du Yoga (dont la racine sanskrite yug signifie « réunir »), le Qi Gong – le « travail du Qi » – allie la concentration mentale et l’intention (le Yi) avec les postures et les mouvements corporels, en veillant à nourrir ces deux forces par la respiration. Le but étant de mobiliser l’ensemble des énergies disponibles. Pour les Chinois, le Qi naît de la rencontre du Jing (l’énergie essentielle et matérielle contenue dans les aliments) avec le Shen (l’énergie mentale issue de l’activité cérébrale) – une rencontre qui n’est possible que parce que nous respirons. Il faut de l’oxygène pour que l’énergie contenue dans la nourriture puisse devenir de l’énergie mécanique, chimique ou électrique ; il en faut aussi pour que l’énergie électrique des neurones du cerveau puisse donner naissance à la pensée, à la concentration et à l’intention. Sans l’air que nous respirons, aucune transformation énergétique n’est possible ; les Chinois ont donc raison de considérer le souffle comme la substance du Qi.

 

Mettre en mouvement

Notons, au passage, que le Jing, le Qi et le Shen correspondent au corps matériel, aux émotions et à l’intellect – les trois dimensions fondamentales de l’être humain. L’association du Qi à la dimension émotionnelle est l’une des plus brillantes intuitions de la pensée chinoise. Longtemps considérées comme des phénomènes perturbateurs par la pensée occidentale, les émotions sont, en réalité, le pivot central de l’expérience humaine.

Emovere, en latin : mettre en mouvement. Nos émotions contiennent l’énergie qui fait bouger notre corps à travers ses mouvements ; elles contiennent aussi l’énergie qui fait bouger notre pensée à travers ses sentiments. Leur lien avec la respiration est évident puisque nous savons aujourd’hui que le simple fait de respirer profondément suffit à rééquilibrer la balance entre l’activité de nos deux hémisphères cérébraux et, de là, entre nos émotions désagréables et nos émotions agréables, entre les branches sympathique et parasympathique du système nerveux autonome, entre la tension et la détente – ce que les Chinois appellent le Yang et le Yin.

 

Respirer et bouger en conscience

Le Qi Gong nous apprend donc à maîtriser les différentes énergies disponibles, par la respiration et le mouvement, dans la pleine conscience de notre intention de respirer et de bouger. Les Chinois ont appliqué cette maîtrise énergétique à l’art du combat, dans le Kung Fu qui a donné naissance à de nombreux arts martiaux.

Parmi ceux-ci, le Tai Chi Chuan – la « boxe du faîte suprême » – est basé sur une compréhension très fine des mouvements énergétiques opposés et complémentaires du Yin (le vide, la détente, le retrait) et du Yang (le plein, la tension, la poussée).
La longue tradition des arts martiaux chinois a donné naissance à de nombreuses écoles qui, chacune, ont tenté d’améliorer la compréhension et l’application des grands principes énergétiques du Qi afin de permettre aux pratiquants d’utiliser l’ensemble de leurs énergies physiques et psychiques avec la meilleure efficacité possible.

 

L’institut XPEO

La vocation de l’Institut XPEO s’inscrit dans cette tradition en constante évolution. Elle se fonde donc sur les acquis du Qi Gong et du Tai Chi Chuan à propos de notre potentiel énergétique originel (PEO), tout en veillant à leur trouver de nouvelles applications, notamment pour les sportifs et les travailleurs, mais aussi pour toutes les personnes qui souhaitent apprendre à bien utiliser leur énergie et accomplir une performance énergétique optimale (PEO) pour préserver une bonne santé physique et psychique. C’est une belle ambition à laquelle je suis heureux de pouvoir participer.

 

Thierry Janssen

Thierry-Janssen

Chirurgien devenu psychothérapeute spécialisé dans l’accompagnement des patients atteints de maladies physiques, Thierry Janssen est le fondateur de l’École de la Présence thérapeutique (www.edlpt.com) et l’auteur de nombreux livres dont :
La Solution intérieure – vers une nouvelle médecine du corps et de l’esprit,
La maladie a-t-elle un sens ? – enquête au-delà des croyances,
Le Défi positif – une autre manière de parler du bonheur et de la bonne santé,
www.thierryjanssen.com
Il pratique le Qi Gong et le Tai Chi Chuan. Il est membre d’honneur de l’Institut XPEO.

 

Un commentaire

  1. Je suis des cours XPEO depuis 2 ans. Je les trouve intéressants et j’essaie de pratiquer tous les jours.
    J’ai néanmoins un problème de respiration qui me limite. Je continuerai et ajouterai du Qi Gong

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